Egalité des chances à l’école : mythe ou réalité ?

Pas facile de faire des études quand on vient d’un milieu défavorisé. Pour faire redémarrer l’ascenseur social, le gouvernement, des associations et de grandes écoles se mobilisent.

Les jeunes des quartiers en zones urbaines sensibles connaissent deux fois plus le chômage que les autres (35 % contre 17 %). Chaque année, 150 000 jeunes sortent sans diplôme du système scolaire et un tiers d’entre eux n’ont toujours pas de travail cinq ans plus tard. Afin d’enrayer ce phénomène, de nombreux dispositifs ont été mis en place.

Les Cordées de la réussite
Il s’agit d’un partenariat entre des établissements de l’enseignement supérieur (grande école, université ou lycée à classes préparatoires) et des lycées de quartiers prioritaires. Cela prend la forme d’actions comme le tutorat, l’accompagnement scolaire, culturel…, pour guider vers des parcours « d’excellence » les élèves qui en ont la motivation et les capacités. En 2010, 250 cordées ont été labellisées et soutenues à hauteur de 4 millions d’euros. En 2009, 14 000 lycéens issus de zones d’éducation prioritaires en ont bénéficié.

Les Internats d’excellence
Ils s’adressent à des collégiens et lycéens qui souhaitent s’en sortir mais n’y arrivent pas à cause d’un environnement peu favorable à la réussite de leurs études. L’internat d’excellence propose un enseignement misant sur une pédagogie innovante et un accompagnement personnalisé : aide aux devoirs, activités sportives et culturelles, accès aux nouvelles technologies… À la rentrée 2010, treize internats d’excellence ont accueilli des élèves.

Les Écoles de la deuxième chance
Elles ont pour objectif d’assurer, par l’éducation et la formation, l’insertion professionnelle et sociale de jeunes de 18 à 25 ans sortis du système scolaire depuis au moins un an, sans diplôme ni qualification.

Au-delà du gouvernement, de nombreuses associations et écoles supérieures mettent aussi en place des aides.

CE QU’ILS EN PENSENT…

Fadela AMARA, ex-secrétaire d’Etat chargée de la politique de la ville

Imagine ton futur : Les jeunes de quartiers défavorisés « s’interdisent » souvent de penser à des études supérieures. Les professeurs et les parents n’ont-ils pas un rôle important à jouer ?
Fadela Amara : Nous essayons d’impliquer le plus possible les parents, pour qu’ils prennent conscience de l’importance des études, et de la capacité de leur enfant à faire des études supérieures. Et nous informons les professeurs des initiatives comme les Cordées de la réussite ou l’Internat d’excellence.

ITF : Comment aller plus loin ?
F.A. : Il faut agir en amont. Le fonctionnement du collège unique favorise les inégalités. Il faut donner un grand coup de pied dedans, réunir tous les acteurs autour de la table et réformer ! Les élèves qui ne sont pas scolaires mais disposent d’autres talents doivent pouvoir s’y épanouir, sans se sentir rejetés par le système. Le collège doit s’ouvrir. Cette année, 100 établissements expérimentent un programme avec cours le matin et sports ou activités culturelles l’après-midi. C’est une piste…

Lire la suite de l’interview de Fadela Amara sur imaginetonfutur.com

Daniel Bloch, auteur d’Ecole et démocratie

Imagine ton futur : D’après vous, il faut augmenter le nombre de diplômés pour réduire le chômage. Comment en donner les moyens à tous ?
Daniel Bloch : Plus il y a de diplômés et plus le chômage des non diplômés régresse. Il diminue aussi lorsque le niveau de formation s’élève. Dans notre pays, le quart des élèves, principalement issus des milieux les moins favorisés, sont en échec scolaire dès la sortie de la maternelle. Une fois les difficultés installées, elles sont difficiles à combattre. Les expériences françaises et étrangères confirment que des mesures de prévention, portant notamment sur l’apprentissage précoce des langages, sont efficaces pour réduire massivement les taux d’échec.

ITF : Que pensez-vous des dispositifs mis en place pour l’insertion des jeunes de milieux défavorisés ?
D.B. : Le niveau moyen dans un milieu scolaire hétérogène est supérieur à celui des élèves répartis en classes « de niveau ». Quand, dans une classe, le nombre d’élèves en difficulté baisse par une pédagogie appropriée, celui des bons et très bons élèves augmente d’autant. À la sortie de la 3e, il faut pousser les élèves plutôt vers le bac professionnel que vers un CAP. Et réformer le baccalauréat technologique, qui draine aussi une proportion importante de jeunes issus de milieux défavorisés. Plus de la moitié des élèves de terminale technologique n’obtiennent pas de diplôme type BTS ou DUT.

Manuelle Malot, Directrice Carrières et Prospective à l’EDHEC

Imagine ton futur : Que faites-vous pour accueillir des jeunes issus de milieux défavorisés ?
Manuelle Malot : Il faut démythifier les grandes écoles et montrer à ces lycéens qu’ils peuvent les intégrer et y être heureux. Nos étudiants sont de formidables ambassadeurs : dans 15 lycées partenaires, plus de 150 bénévoles de l’EDHEC font du soutien scolaire, organisent des ateliers CV et des sorties culturelles, notamment dans le cadre des Cordées de la réussite. Nous avons revu nos concours d’admission pour favoriser la diversité, en valorisant les expériences associatives, sportives et artistiques des étudiants. Nous attribuons des bourses en classe préparatoire et les élèves boursiers sont exonérés des frais de concours. Lorsque ces jeunes ont intégré l’EDHEC ou l’ESPEME, nous distribuons bourses et prêts d’honneurs. 20 % des étudiants du groupe en bénéficient.

ITF : D’après vous, l’ascenseur social est-il en train de redémarrer ?
M.M. : Je l’espère. En dix ans, l’EDHEC et d’autres grandes écoles se sont ouvertes socialement. Il y a une réelle prise de conscience, une politique volontariste, et notre nouveau concours d’admission sur titre en deuxième année en est une preuve tangible. Nos épreuves favorisent une plus grande diversité des profils.

Lire la suite de l’interview de Manuelle Malot sur imaginetonfutur.com

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