« Les bacheliers de la section littéraire sont victimes de discrimination »

TÉMOIGNAGE – Alors que les résultats du baccalauréat 2010 ont été rendus publics ce mardi 6 juillet, Lucie Canal, étudiante et internaute du Figaro.fr souhaite s’exprimer quant à la poursuite d’études qui attend les bacheliers. Elle-même titulaire d’un baccalauréat littéraire, elle se dit victime d’une forme de « discrimination » due à la filière dont elle a été diplômée.

« J’ai dû élargir mes compétences pour donner plus de valeur au diplôme littéraire »

« Montesquieu, Voltaire, Descartes, Rousseau… Avons-nous réellement oublié nos origines ? En sommes-nous arrivés à dénigrer les fondements de notre culture et de notre société ? De telles questions semblent a priori absurdes… Et pourtant.

Titulaire d’un baccalauréat littéraire, obtenu avec mention très bien et les félicitations du jury, j’ai été confrontée au manque d’ouvertures à la fin de la terminale. Nous avons le choix entre les classes préparatoires sans véritables débouchés ou la fac. J’ai alors pris conscience qu’il me fallait élargir mes compétences afin de donner plus de valeur à mes études. J’ai donc choisi d’effectuer ma première année universitaire dans l’école de commerce Luigi Bocconi de Milan, avant d’intégrer Sciences Po Lyon en deuxième année.

Ce parcours m’a fait prendre conscience que les jeunes gens désireux de s’orienter vers des études littéraires effectuent, à la fin de leur seconde, un choix qu’ils ne devront cesser de justifier. En effet, pour de mystérieuses raisons, un élève ne peut entrer en série littéraire par intérêt, voire même passion, pour les matières enseignées.»

« La croyance commune pense que l’on fait L par manque de motivation »

« Si, lors d’une conversation, un lycéen littéraire en vient à mentionner sa section, il devra alors faire face à l’incrédulité à peine masquée de son interlocuteur, qui s’empressera de tenter de comprendre cette orientation. La « croyance commune » semble avoir décidé que l’on « fait L » soit par manque de motivation pour les études, soit parce que l’on n’avait pas les capacités nécessaires à un passage en série scientifique ou économique.

Il serait grand temps que cela cesse. Il serait grand temps d’admettre que des élèves choisissent, décident, veulent suivre des études littéraires. Il serait grand temps que cesse cette incompréhensible suprématie de la série scientifique.

L’Éducation nationale devrait, à mon avis, se pencher sur le problème : pourquoi ne pas poursuivre un enseignement scientifique au-delà de la seconde à un niveau plus élevé ? Pourquoi ne pas offrir des débouchés plus nombreux et plus reconnus ?

Mais ce sont également les mentalités qui doivent évoluer afin de redonner à la culture et à la réflexion intellectuelle la place qu’elles méritent. En effet, un étrange mécanisme s’est mis en place depuis de nombreuses années : la série scientifique semble être la «voie royale» des études. Ainsi, un bon élève de S sait pertinemment que toutes les portes de l’éducation, sans exception, lui seront ouvertes.»

« On fait S pour se donner toutes les chances de réussite »

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