Le recteur de Créteil propose de remplacer les professeurs absents par des étudiants !

Le recteur de l’académie de Créteil propose aux établissements scolaires de faire appel à « des étudiants ou des personnes titulaires au minimum d’une licence ou ayant des compétences avérées », pour remplacer les enseignants absents, dans une circulaire dont l’Associated Press a obtenu une copie, jeudi.

Les syndicats dénoncent du « bricolage », ou encore « un aveu sans détour des difficultés lourdes », du système éducatif. Interrogés, le rectorat de Créteil et le ministère de l’Education n’ont pas fait de commentaires dans l’immédiat.

« Vous avez peut-être dans votre entourage personnel ou parmi votre population de vie scolaire, des étudiants ou des personnes titulaires au minimum d’une licence ou ayant des compétences avérées qui pourraient venir valablement alimenter le vivier de contractuels ou de vacataires », écrit le recteur de l’académie de Créteil (Val de Marne), Jean-Michel Blanquer, dans ce document intitulé « Amélioration des pratiques liées au remplacement ».

Ce document est adressé aux chefs d’établissement, aux inspecteurs d’académie et aux directeurs des services déparementaux de l’Education nationale relevant de ce rectorat.

Il précise « qu’en cas d’urgence, vous pourriez installer immédiatement la personne que vous aurez choisie, la validation par les inspecteurs venant ultérieurement ».

Le recteur souhaite également permettre « une prise en charge éducative des élèves », en cas d’absence de « moyenne ou longue durée », par « des assistants d’éducation qui, comme leur nom l’indique, n’ont pas une simple mission de surveillance, rattrapage des cours par le professeur absent ou par un collègue rémunéré et volontaire, prise en compte des heures non assurées dans le cadre de l’accompagnement éducatif, ateliers informatiques », ou encore « organisation du CDI ».

« Le gouvernement ne cesse de minimiser les effets des suppressions de postes sur la qualité de l’enseignement. Le recteur de l’académie de Créteil, en adressant un étrange courrier aux chefs d’établissements, met les pieds dans le plat », a réagi le SE-UNSA dans un communiqué.

Pour l’organisation syndicale, « cette lettre est un aveu sans détour des difficultés lourdes que rencontre aujourd’hui notre système éducatif pour assurer dans de bonnes conditions l’ensemble des heures d’enseignement dues aux élèves ».

« L’insuffisance des recrutements de professeurs et l’assèchement des viviers de non-titulaires conduisent à leur demander de jouer les agents recruteurs ‘dans leur entourage personnel ou parmi leur population de vie scolaire' », ajoute l’UNSA.

« Pire », pour ce syndicat, « faute de trouver des titulaires d’une licence, on pourra même faire appel à des personnels ‘ayant des compétences avérées’ dont on ne précise ni qui les évalue ni sur quels critères ».

Selon l’UNSA, « on frise même le ridicule en précisant que l’on peut faire appel à des assistants d’éducation pour enseigner car, ‘comme leur nom l’indique’, il y a ‘éducation’ dans leur appellation ». Et de rappeler que « le décret qui fixe leurs missions ne le prévoit pas. A aucun moment n’est posée la question de leur aptitude à enseigner ».

Pour l’UNSA, « ce courrier montre les extrémités auxquelles en sont réduites certaines académies pour colmater les ravages des dernières purges budgétaires ».

« C’est du bricolage. Pourquoi ne pas faire appel pendant qu’on y est à des agences d’intérim? », ironise de son côté le secrétaire général de la Fédération syndicale unitaire (FSU) Gérard Aschieri. « Cela confirme ce qu’on dit sur les suppressions de postes ».

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