De plus en plus diplômés, de moins en moins reconnus

Les jeunes des classes modestes ont un meilleur accès aux études supérieures, mais cela ne leur garantit pas forcément l’ascension sociale attendue. Telle pourrait être la conclusion des deux études de l’INSEE publiées simultanément fin juillet.

L’étude sur l’accès à l’enseignement supérieur (1) précise que l’on assiste à une démocratisation des cursus universitaires. De plus en plus de jeunes d’extraction modeste rejoignent les bancs de l’université, et ce, quelle que soit la filière. Le phénomène ne concerne pas seulement les filières courtes et professionnalisantes, même s’il tend à s’estomper dès lors que la sélection se fait plus grande.
Interrogée par La Croix, Valérie Pécresse, la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, met l’accent sur cette « autocensure de nombreux bacheliers, qui s’interdisent certaines filières », caractéristique d’autant plus observable chez les jeunes filles. Elle compte ainsi « orienter au moins 8% des élèves de chaque lycée général vers des classes préparatoires ».
Autre constat, les étudiants issus des classes modestes ont plus de difficulté à décrocher leur diplôme : 72% des fils d’ouvriers l’obtiennent contre 88% des fils de cadres. Pour y remédier, la ministre annonce le plan « réussir en licence » qui prévoit « un meilleur accueil des nouveaux étudiants, un dispositif de tutorat [et] davantage de travail en petits groupes ».

Une ascension sociale en berne

Cette démocratisation de l’enseignement supérieur n’entraîne pourtant pas une ascension sociale massive des jeunes issus des classes populaires. Comme le montre la seconde étude de l’INSEE (3), l’amélioration de leur niveau d’éducation s’accompagne paradoxalement d’une tendance à l’immobilité sociale. Seul un fils d’ouvrier sur quatre né dans les années 60 a le statut cadre ; ils étaient un sur trois vingt ans auparavant. En cause : la pénurie d’emplois hautement qualifiés par rapport au nombre de diplômés. L’importance du réseau social se révèle alors déterminante, ce qui désavantage les jeunes issus des milieux modestes. Ces sureffectifs dans certaines filières ont participé à la dévalorisation de leurs diplômes, comme le fait « de s’être concentré sur les connaissances au détriment des compétences [:] la maîtrise de l’anglais et des nouvelles technologies ou le travail en équipe » ajoute la ministre.

(1) Accès à l’enseignement supérieur en France : une démocratisation réelle mais de faible ampleur : www.insee.fr
(2) La Croix – 28/08
(3) Éducation et mobilité sociale : la situation paradoxale des générations nées dans les années 1960 : www.insee.fr



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