Le gouvernement souhaite doubler en cinq ans le nombre d’étudiants français à l’étranger

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a présenté mardi 6 novembre la « mobilité internationale pour les étudiants, les élèves et les apprentis » comme un des leviers de la compétitivité.

La France doit « s’engager rapidement pour accroître l’ouverture internationale des établissements et développer les mobilités internationales ».

Le gouvernement souhaite doubler en cinq ans le nombre d’étudiants français à l’étranger, une piste du pacte de compétitivité, mais le coût financier et la complexité des dispositifs sont les principaux freins à la mobilité.

Dans cette perspective, le gouvernement « a décidé de doubler en cinq ans la mobilité internationale des étudiants à tous les niveaux de formation », sur le modèle du programme d’échanges européen Erasmus.

En dehors d’Erasmus, qui vise les étudiants post-bac, le gouvernement cite Leonardo qui cible les élèves en CAP et BEP, ou encore Agefa-mobilité spécialisée dans la formation en alternance pour les petites et moyennes entreprises.

En 2009, près de 28.300 étudiants étaient partis à l’étranger via Erasmus (études et stages en entreprise) et 56.000 hors Erasmus, a indiqué à l’AFP l’Agence Europe-Education-Formation France (2e2f) qui met en place au niveau national le programme européen pour l’éducation et la formation.

En 2011, plus de 31.700 étudiants étaient en séjour Erasmus à l’étranger. C’est sur cette base que le gouvernement souhaite doubler leur nombre en cinq ans, a-t-on précisé au ministère de l’Enseignement supérieur.

L’autre objectif est de « cibler certaines filières, en particulier professionnelles et technologiques ».

« L’idée est de développer la mobilité étudiante via Erasmus pour des jeunes qui n’ont pas l’habitude de voyager », a dit à l’AFP la ministre Geneviève Fioraso. « L’effort sera porté sur les jeunes plutôt en apprentissage ou en alternance des filières technologiques et professionnelles, et issus de milieux défavorisés ».

En 2010, 16% des étudiants français (sur 2,320 millions d’étudiants) ont déclaré avoir effectué au moins un séjour à l’étranger, selon les chiffres du ministère.

« Le principal obstacle à la mobilité cité par (les) étudiants est le financement du séjour », relevait en 2010 dans un rapport le ministère de l’Enseignement supérieur. Près de la moitié (47%) de ceux qui expliquaient pourquoi ils avaient renoncé invoquaient le financement du séjour, plus d’un quart (28%) le manque d’information.

Partir à l’étranger est « une question de moyens financiers et les étudiants les plus précaires en sont exclus », a dit à l’AFP Habib Gniengue, de l’Unef, premier syndicat étudiant. « Pour l’instant, dans les mesures du gouvernement, je n’ai pas vu d’augmentation du nombre et du montant des bourses ».

En 2010-2011, le montant moyen des bourses était de 200 euros par mois pour les études et de 358 euros par mois pour les stages, selon 2e2f.

« Si c’est juste améliorer la coopération, améliorer le nombre d’universités où les étudiants peuvent aller en mobilité, c’est une bonne chose, mais s’ils n’ont pas les moyens d’y aller, ça ne sert à rien », a-t-il ajouté en se disant inquiet des problèmes de financement des bourses Erasmus.

« Le problème financier sera résolu », a assuré Mme Fioraso. Le ministre chargé des Affaires européennes, Bernard Cazeneuve, a indiqué à l’Assemblée nationale que, pour 2013, « la France est très déterminée » à ce que les 270.000 boursiers Erasmus soient assurés que les « bourses seront bien payées ».

Les autres obstacles mentionnés par les étudiants sont liés à l’inadéquation avec la formation et au manque d’information.

« Le système Erasmus n’est pas lisible, il est complexe, et il faut faire les démarches très en amont de la date de séjour souhaitée », a confirmé Habib Gniengue.

Source : AFP



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